Bien avant d’arriver dans nos caves, le cigare passe par divers étapes de maturation, d’élaboration et de suivi. Les voici brièvement présentées :
Afin d’avoir un aperçu complet de ces différentes phases, nous verrons l’exploitation de tabac Cubain.
En premier lieu, les semailles, fournies par les centres expérimentaux agricoles, sont mises en terre dans les exploitations spécialisées (les «vegas») par les vegueros (les exploitants) vers Octobre/Novembre.
Il existe plusieurs types de culture : le tabaco del sol qui servira à la fabrication des tripes et des sous-capes, planté de façon à recevoir le soleil directement et produisant des feuilles pleines d’arôme.
Puis le tabaco topado, cultivé sous des voiles blancs filtrant la lumière de l’astre solaire, dont les feuilles plus souples, moins « dures », à l’aspect gras et surtout plus grandes serviront à la confection de la cape si chère à nos yeux.
La plante comporte 6 parties exploitables pour le cigare, décrites comme suit du sommet au pied :
corona (1)
centro gordo (2)
centro fino (3)
centro ligero (4)
uno y medio (5)
libre de pie (6)
Elles sont ainsi classées dans un ordre croissant de puissance et d’arôme.
Intervient le moment de la cosecha (la cueillette) environ 90 jours après les semis entre Janvier et Mars. Les maitres de liga feront ici leurs sélections. La plante a atteint 1m50 et le veguero commence la coupe des feuilles du pied vers le sommet en laissant reposer 1 semaine avant de sectionner un autre étage.
Une fois la récolte terminée, les feuilles vont sécher dans les casa de tabaco où elles seront enfilées sur des cordelettes de coton blanc puis accrochées à des gaules suspendues horizontalement sur une dizaine d’étages.
Les feuilles récemment coupées seront en bas et monteront graduellement en vieillissant, remplaçant ainsi celles déjà mures des niveaux supérieurs.
C’est une première fermentation qui s’opère et le veguero arrose le sol de la casa de tabaco pour faciliter la maturation. Cette dernière consiste à la perte de l’eau contenue dans la feuille de tabac qui prend un aspect brun mais conserve toutefois sa souplesse. Il y à ici une séance de fumigation à ce stade pour éliminer les parasites.
Le veguero vendra sa récolte à la régie des tabacs sous forme de ballots dans lesquels les feuilles sont pressées entre de l’écorce de palmier royal (le symbole de Cuba), direction la Havane. Les bottes de tabac sont entreposées afin de poursuivre leur vieillissement et ceci pour 2 à 3 mois : c’est la deuxième phase de fermentation.
Un suivi constant des techniciens des galeras assure une prise de température régulière évitant ainsi toute surchauffe du tabac due au « travail » des végétaux. Seconde fumigation.
S’effectue ensuite un tri de façon à déterminer où iront les différentes balles dans les diverses sections de la galeras. Il y aura l’écotage qui consiste à retirer la nervure centrale des feuilles et à nouveau un tri pour éliminer les éventuels défauts.
Nous passons aux étages supérieurs avec les torcedores qui sont donc chargés de la confection même du cigare. Il y à plusieurs niveaux de qualification des rouleurs (en grades) et l’on confie les modules difficiles à rouler aux plus expérimentés.
En moyenne un torcedor roule une cinquantaine de cigares par jour, mais ce chiffre peut doubler avec un rouleur plus « gradé ».
Un contrôle aléatoire des demi-roues se déroule près des pupitres des torcedores, consistant à sortir 7 ou 8 cigares des fagots et de vérifier leur bonne tenue : pas de noeud au toucher, pas de détérioration majeure de la cape, etc . . .
Le procédé de fabrication d’un cigare attise bien souvent la curiosité des amateurs. C’est pourquoi certaines boutiques en plus de la vente de cigares propose régulièrement des manifestations et ateliers autour du roulage du cigare.
